14 août – Dernier jour – Ce qu’on ramène avec nous (au-delà des valises)

Ce matin-là, Tokyo s’éveillait comme à son habitude, dense et vibrante, mais nous, on était silencieux.

Il y avait cette valise qu’on refermait, ce sac qu’on pesait une dernière fois. Et dans l’air, quelque chose d’un peu plus lourd que le poids des affaires : celui des souvenirs.

On est venus chercher le Japon, et c’est lui qui nous a trouvés.
On est partis pour voir. On revient avec ce qu’on a senti.

Ce n’est pas tant les temples qu’on retiendra – même s’ils étaient splendides – que la manière dont le silence y vibrait.

Ce ne sont pas les kilomètres avalés en train, mais la manière dont Tyler collait son front à la vitre, à chaque fois, sans jamais se lasser.

Ce ne sont pas seulement les plats dégustés – ramen fumants, sushis sur rails, kakigōri fondant –, mais le goût que chaque bouchée emportait avec elle : celui du moment présent.

Ce n’est pas l’agitation de Tokyo qu’on emporte, mais le contraste entre sa vitesse et la tendresse d’un vieux quartier comme Yanaka.

Ce ne sont pas les musées ou les boutiques Ghibli, mais la lueur dans les yeux de Tyler quand il a serré un Totoro en peluche contre lui.

Ce n’est pas la vue depuis la Tokyo Tower, mais la main de Bélinda dans la mienne pendant qu’on regardait la ville s’illuminer.

Ce que le Japon nous a fait, il nous a ralentis. Puis émerveillés. Il nous a chahutés, puis rassemblés.

On est arrivés curieux. On repart changés.

On avait coché des cases sur un programme. On a vécu bien plus que des étapes : des émotions, des regards partagés, des silences pleins.

À travers les rues de Kyoto, les friperies de Shimokitazawa, les arcades d’Akihabara, les grottes d’Enoshima ou les nuits paisibles à Shinjuku, c’est un fil invisible qui s’est tissé. Celui du voyage, mais surtout, celui d’être ensemble.
Alors on ramène quoi, au fond ?

Des figurines, oui. Des sachets de thé matcha. Un t-shirt “Tokyo” en taille 12 ans. Un rouleau de masking tape trop mignon. Des manju pas si bons, mais trop jolis pour les laisser.

Mais surtout…

On ramène la beauté de l’éphémère, cette manière japonaise de célébrer ce qui passe.

On ramène la force du simple, l’élégance d’un plat servi avec soin, d’un train qui arrive à l’heure, d’un sourire dans un konbini.

On ramène un Japon intérieur, qu’on va garder longtemps avec nous. Pas sur Instagram, pas dans des stories. Mais dans le cœur.
Et maintenant ?

Maintenant, on ne sera plus jamais les mêmes.
Chaque fois qu’on verra un cerisier, on pensera à Kyoto.
Chaque fois qu’on sentira l’odeur du riz chaud, on repensera à ce petit déjeuner dans une machiya.
Chaque fois qu’on entendra un train, on y sera à nouveau, un instant, sur la ligne Yamanote.

Voyager avec ceux qu’on aime, c’est une chance. Voyager au Japon, c’est un cadeau. Mais voyager au Japon avec ceux qu’on aime, c’est une vie entière que l’on déplie, une émotion que rien n’efface. Le Japon ne nous quitte pas. Il se tait en nous. Jusqu’à ce qu’on y retourne.

2 réflexions sur « 14 août – Dernier jour – Ce qu’on ramène avec nous (au-delà des valises) »

  1. dis il faut bien rentrer et malgré tt on est tjs Content de retrouver sa pte maison
    Bon atterrissage dans ts les cas
    très joli texte final à garder et à relire
    bonheur partagé et famille

  2. coucou
    Ce dernier message m’a beaucoup émue mon fils.
    je pense que ce voyage à été pour vous de l’amour partagé en famille….
    Gros bisous à vous trois.
    Mama

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