Il y a comme un frisson dans l’air ce matin-là. Ce n’est pas seulement la fraîcheur matinale qui descend des flancs du Mont Fuji, c’est autre chose. Quelque chose d’électrique. Aujourd’hui, on quitte les paysages silencieux de Kawaguchiko pour Tokyo, la grande, la trépidante, la lumineuse. On boucle les sacs, on jette un dernier regard à la silhouette du Fuji entre les nuages, puis on file à la gare. Les sièges sont confortables, les paysages défilent à toute vitesse, et au fur et à mesure que la campagne s’efface, la ville commence à gronder.

En un peu plus de deux heures, on passe des forêts paisibles aux premières tours de verre de Shinjuku. Tyler, le nez collé à la fenêtre, répète « Tokyo » comme un mantra. Il y est enfin. Il veut tout voir, tout faire. À la sortie de la gare, le choc est immédiat. La densité. Les enseignes. Le bruit. Les gens. Rien ne ressemble à Tokyo. On se fraie un chemin vers notre nouveau point d’ancrage, Fujiflats Shinjuku. Petit appartement simple mais bien placé, à deux pas de Shin-Okubo, quartier coréen vibrant et plein de surprises. On pose les sacs, on prend une grande inspiration, et on ressort aussitôt.

À 15h, on plonge dans Kabukicho. Ici, tout est spectacle. On croise Godzilla perché sur son immeuble, rugissant au-dessus des salles de pachinko. Tyler file vers l’arcade Namco, happé par les lumières, les sons, les couleurs. Il passe d’une borne One Piece à un simulateur de drift sans reprendre son souffle. On le suit du regard, entre amusement et admiration. Il a trouvé son royaume. Après quelques essais, il décroche sa première figurine… puis une deuxième, celle qui faisait briller les yeux de sa mère.

La nuit tombe et Shinjuku s’allume. Trop fatigués pour sortir, on s’arrête au 7/11 du coin. Plats préparés, quelques douceurs, un thé froid. Dans notre chambre, on savoure en silence. Simple, rapide, parfait pour ce soir. On est arrivés. Fatigués, mais heureux d’être enfin là. La capitale nous a accueillis. Et demain, elle nous ouvre ses portes.

Il y a des villes qu’on visite. Et puis il y a Tokyo. Ici, on entre dans un courant. Une pulsation. Shinjuku nous a enveloppés doucement, comme un prologue. La suite s’annonce explosive.

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