
Aujourd’hui, le Japon nous invite à ralentir.
On quitte Nagoya dans une lumière douce, les sacs bien ficelés, l’esprit encore un peu en ville mais déjà tourné vers l’horizon. Il est 9h, on descend tranquillement vers Nagoya Station. Le trajet a déjà un goût de transition. Comme si la ville nous glissait doucement vers la suite.
À 10h, le Shinkansen Hikari s’élance. En quelques secondes, les gratte-ciels s’éloignent, remplacés par une succession de collines, rizières et toits gris. Bélinda s’endort quelques minutes, Tyler colle son nez à la vitre. Moi, je guette : et si, par chance, on apercevait déjà le sommet du Fuji ? Il paraît qu’il faut être assis à droite pour l’apercevoir…
À bord du Shinkansen en direction de Mishima, tout semble paisible, mais à mi-parcours, arrêt soudain. En quelques secondes, tous les portables se mettent à sonner en chœur : alerte tsunami. Un séisme de magnitude 8.7 vient de frapper. Silence tendu, regards échangés, le temps de traduire ce message qui nous dit de quitter cette zone …
Quelques minutes plus tard, le train redémarre prudemment, s’éloignant de la zone à risque. Soulagement palpable.
À Mishima, le changement est plus net. L’air semble plus frais, plus pur. On saute dans un bus panoramique direction Fujikawaguchiko. La route serpente doucement à travers les Alpes japonaises. La mer de béton s’est transformée en forêt dense, les enseignes en hiragana ont remplacé les logos internationaux. Tout semble plus simple. Plus vrai.
Vers 14h30, on arrive enfin à Kawaguchiko Station. Petit bâtiment au toit de bois, une pancarte modeste, et surtout… le Mont Fuji, immense, comme surgissant du ciel. On reste un instant figés, même Tyler. Un de ces moments où le silence suffit.
On pose les valises à l’Hôtel RETRO. Le nom est bien trouvé : déco vintage, tatamis aux étages, une vieille horloge qui fait tic-tac dans le hall. C’est cosy, chaleureux. On respire. On se douche. On se recentre.


Vers 17h, on prend le petit train local pour rejoindre un autre point de vue mythique, celui d’Arakurayama Sengen Park, à Fujiyoshida. En à peine 15 minutes, on rejoint l’entrée du site. Il fait chaud, mais la lumière est douce, filtrée par les arbres. Le parc est gratuit, ouvert à tous, et surtout il garde l’un des secrets les plus connus du Japon : la vue sur le Mont Fuji derrière la pagode Chūreito.
Il y a 398 marches. On les monte doucement, chacun à son rythme. Les conversations se taisent à mesure que la pente grimpe. Tyler compte les marches à voix basse. À l’arrivée, la plateforme s’ouvre sur l’un des panoramas les plus célèbres du pays. La pagode rouge, les toits de Fujiyoshida, le Fuji en fond. C’est irréel. On reste là longtemps. À respirer. À photographier. À comprendre pourquoi tant de gens rêvent de ce moment. La lumière décline doucement.
On rentre à pied. Les rues sont calmes. Le ciel s’assombrit. Fuji-san est encore là, massif, silencieux, presque complice. Il veille.
On ne “voit” pas le Mont Fuji. Il vous apparaît. Quand il veut. Ce jour-là, il s’est laissé entrevoir depuis la pagode, comme une apparition. Immobile, lointain, presque irréel. On aurait dit une estampe vivante, suspendue entre ciel et silence.
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Coucou,
A la lecture de cette chronique, je suis épuisée du nombre de marches…heureusement que je n’avais pas à les monter.
C’est sûr que la vue du Mont Fuji doit couper le souffle (après les marches !).
Pour ma part, j’aime beaucoup les pagodes.
Compte tenu du décalage horaire, je vous souhaite une bonne nuit.
Bises.
Mum